l'accident
par Marir Daniel le, 30/03/2007Un mineur est tué. La nouvelle se répand de taille en taille; ceux de son équipe, de son quartier, se précipitent pour le secourir. On part chercher le chef porion ou l'ingénieur. S'il n'est pas enseveli, on l'amène dans la voie la plus proche.
S'il n'est pas trop démantibulé on met le corps dans une toile. On le porte, on le met dans une berline, un camarade l'y tient debout, droit !
On fait partir le triste convoi, le trajet est long, il y a parfois plusieurs kilomètres.
A l'accrochage une cage est réservée, elle l'attend, le délégué mineur est là. On remonte moins vite que de coutume.
Arrivé au jour on le sort et on l'amène dans la salle des porions, on le déshabille; le médecin de la Compagnie examine le corps et fait son rapport légiste, un officier de Gendarmerie y assiste, l'ingénieur aussi.
Ensuite on le lave, le met sur un matelas, on l'enroule dans un drap.
La famille est prévenue doucement, elle vient, on la laisse voir s'il n'est pas trop abimé, défiguré.
Enfin on le met dans un cercueil et la nuit on l'emporte chez lui , en silence, dans le coron.
Marir Daniel, pour ne pas oublier. Emile Zola, fosse Renard à Denain 1884.