Brunehaut, les voies d’une reine et la défaite du diable
par kiki le, 07/08/2007Source : La voix du Nord 15 et 16 Juillet 2007
LEGENDES DU NORD – PAS-DE-CALAIS
Brunehaut, les voies d’une reine et la défaite du diable
Sacré Jules César ! C’est une chose de s’obstiner à conquérir et conquérir encore, des terres, des comtés et des pays, toujours plus de pays, mais encore faut-il savoir s’y retrouver, au bout du compte. Et on nous dit qu’il n’en savait pas grand-chose, Jules, du bout de la Gaule qu’il avait mise ( sauf un petit village qui résistait encore et toujours…) à ses pieds.
On prétend même qu’il n’en parlait que vaguement, histoire de masquer ses erreurs et méconnaissances qui le faisaient croire Ramegnies-Chin touchant le Bény-Bocage !
Que savait-il, alors, d’Arras qu’on appelait Nemetacum ou de Thérouanne ( Tarvenna),et de la chaussée qui les reliait toutes deux, droite et claire à travers bois et marais, tracée sans souci des caprices du relief ? peut-être lui plaisait-il de penser qu’elle avait été l’œuvre de Marcus Agrippa, son lieutenant, qu’un zèle conquérant aurait poussé à poser là la pénétrante obstinée de son armée.
Aux poèmes épiques
Et s’il nous plait, à nous, de penser qu’elle est plutôt le délicieux héritage d’une reine impétueuse et légendaire qui lui a d’ailleurs laissé son nom : Brunehaut ? Un tempérament, cette souveraine ! Fille du roi Wisigoth d’Espagne – l’inoubliable Athanagild – elle est belle, cultivée, éblouissante, même, tant que le rustre, le barbare Sigebert en tombe éperdument amoureux .
Le pauvre. Il tente de suivre et même de précéder le moindre désir à ses lèvres, mais finit assassiné en tentant d’annexer Arles à son royaume - sur lequel l’indomptable Brunehaut a posé sa marque.
C’est Frédégonde, la sanguinaire rivale de Brunehaut, qui se cache derrière ce lâche crime. Comme c’était Frédégonde, déjà, qui avait été complice du meurtre de Galswinthe. Mais si : la sœur de Brunehaut…
C’en est trop, alors. La belle reine d’Australie – royaume allongé qui lèche la mer du Nord et s’étend jusqu’à prendre une bonne moitié du Danube – fait donner son armée. Et c’est peut-être pour l’aisance de ses mouvements qu’elle fait ces routes si droites qu’on évoque encore de son nom aujourd’hui.
Ainsi l’écrit en tout cas le fier Jean d’Outremeuse, en 1398, qui comme d’autres poèmes épiques troussés un peu plus tard du côté de Saint-Omer, y voit également… la main du diable : « En l’an 526, commença à faire la reine Brunehaut moult merveilles par nécromancie, et fit une chaussée toute pavée de pierres du royaume, d’Austrasie jusqu’au royaume de France, et de Neustrie jusqu’en Aquitaine et en Bourgogne… Et tout cela fut fait en une nuit, et le fit faire par les esprits malins, comme Virgile faisait en son temps. »
A suivre