Bruay, les deux fins de l'unité de production 6
par PAILLART André le, 07/10/2007Deux millions de tonnes de charbon y subsisteraient selon certains, cela n'a rien empêché.
Les deux fins de l'unité de production 6.
Parce qu'elle privait prématurément d'activité des milliers de mineurs, parce qu'elle rendait plus qu'incertain l'avenir de leurs enfants, la récession a été trés mal acceptée. Elle a été la source de conflits verbaux et même, parfois physiques entre syndicalistes de tout bord, et ou entre politiques, les deux "frères ennemis" depuis le congrés de Tours de 1920 notamment.
C'est au tout début de l'année 1979 que les HBNPC (l'état en fait) annoncent officiellement l'arrêt de l'exploitation de l'unité de production 6, qui serait effectif à l'automne de cette même année. Un délai qui prouve que la décision était murie depuis bien longtemps, en catimini comme à l'accoutumée.
Les syndicats de mineurs CFDT, CFTC, CGC, FO, réunis autour des élus socialistes du secteur, refusent cet état de fait le 14 février.
Leurs camarades de la CGT en font autant de leur coté.
Dans une motion commune, les premiers avancent alors que " les rendements obtenus sont supérieurs à la moyenne du bassin et les couts de production inférieurs". " L'unité de production est viable ", disent aussi les seconds, le 2 mars.
Ils ajoutent que restent "deux millions de tonnes de charbon dans les dressants, abandonnées faute de main d'oeuvre qualifiée". Et les mêmes d'appeler à une manifestation le 25 mai. sans doute avivés par la proximité des élections européennes, les esprits sont échauffés ce jour là, les uns et les autres s'accusant de tenir "un double langage".
Quoi qu'il en soit, ils sont moins de deux cents, dont nombre d'élus des deux bords, à se rendre à ce rassemblement, alors que l'UP 6 compte quelque... mille salariés.
Le sentiment d'une fin inéluctable, le fatalisme, s'était déjà insinué dans la majorité des esprits.
Même fermées, les installations de l'UP6 doivent rester! Ce mot d'ordre est, dans les mois suivants (et même avant), celui de celles et ceux (pas tous) qui se soucient de transmettre ce précieux autant qu'énorme témoignage du passé aux générations à venir.
Des études sérieuses sont menées en 1988, afin de garder le chevalement du 6 ter, fort de ses 58m de haut et de ses 300 tonnes.
Le 1er octobre, deux cents personnes sont rassemblées devant "leur fosse", la décision définitive devant être prise le 5 à la préfecture.
Un sursis de deux mois est accordé, le temps de trouver le million de francs nécessaire à sa conservation.
Suit une période étrangement calme, trop calme...
Des bruits alarmistes se font toutefois entendre un an aprés la réunion d'Arras.
Jeudi 5 octobre 1989, 14H40. Aprés une ou deux secondes d'hésitation, le chevalement, le dernier de cette taille dans l'ouest du bassin minier, vascille avant de s'écraser dans un fracas assourdissant.
Beaucoup éprouvent alors un sentiment de honte. Aujourd'hui encore...
Sources: La Voix du Nord 5 Septembre 1999