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catastrophe de Fouquières lez Lens 4 février 1970 (3)
par bourdonb le, 03/02/2008  

Samedi 7, un peu avant 9 heures, je quitte la maison, bien emmitouflé. Il fait un froid vif. M'associant au deuil de la corporation minière, je me rends à pied aux funérailles des victimes de la catastrophe.
Après avoir traversé la route nationale, et un peu avant le pont du Cocorico, je prends la route qui monte sur l'église de Fouquières-lez-Lens. Seul ou par petits groupes, hommes, femmes, enfants prennent silencieusement le même chemin. Des gens débouchent de toutes les rues de la cité du Transvaal qui fait face à la fosse 6. Des voitures passent sans bruit. Plus l'on avance, plus la foule est dense.
A l'entrée de la fosse, flottent des drapeaux tricolores crêpés de noir. Les deux chevalements dont les molettes sont à l'arrêt, apparaissent plantés dans le sol, tels deux géants. Du haut de leur tour, ils domineront la cérémonie d'adieu de toute une population à ces victimes qu'ils ont remontées de la fosse pour être conduites dans une autre fosse : leur dernière demeure.

Au point d'intersection des deux routes principales à l'église, la foule s'engouffre dans la rue qui descend vers la place de la mairie, avançant au coude à coude, tandis que des agents de police maintiennent un couloir pour le passage des convois funèbres et des personnalités. Par-ci, par-là, un mineur en tenue de travail se fraye un passage.

Un corbillard passe, puis un second tandis que j'avance péniblement, trouvant finalement une place sur le seuil d'une porte face à la place de la mairie devant laquelle a été montée une tribune couverte de tentures noires.
Sur la droite, en regardant la mairie, un abri a été aménagé pour les familles, arrivant les unes après les autres, écrasées dans leur détresse. Puis les cercueils. Les mineurs, formant une haie d'honneur, allument la lampe à leur casque. Des couronnes, des fleurs innombrables. Autant de témoignages de sympathie, parmi lesquels ceux des consulats d'Italie et de Yougoslavie. De nombreux drapeaux.

Dans le froid glacial, le face à face des familles et de leurs chers disparus est insoutenable. Des femmes n'en peuvent plus, tombent, sont transportées dans une salle de la mairie aménagée en infirmerie. L'émotion étreint la foule. Plusieurs milliers de personnes. Une foule muette, tendue. Les larmes coulent sur des visages. Chacun a peine à retenir son émotion.

Les personnalités prennent place sur l'immense tribune autorités civiles et militaires, parlementaires, conseillers généraux, maires de la localité et des communes avoisinantes, membres des Directions des Charbonnages de France et des Houillères, responsables syndicaux. Parmi ces personnalités, M. Levi Sandry, vice-président de la Commission des Charbonnages européens, S. Exc. l'Ambassadeur d'Italie, Mme Emilienne Moreau, dernière femme « Compagnon de la Libération ». Les hautes personnalités s'inclinent devant les cercueils.
Le soleil fait une brève apparition et le ciel s'assombrit de nouveau. Les cloches de l'église sonnent le glas. L'attente est crispante.

Du fond de la place montent les accents d'une musique funèbre. Les musiciens de l'Harmonie des Mines de Courrières et de la Fanfare municipale de Fouquières jouent « Le champ du repos ». Les funérailles officielles sont commencées.

Mgr Huyghe, prenant le premier la parole, donne lecture d'un télégramme reçu du Pape Paul VI : « Le Saint-Père profondément ému par la récente catastrophe de Fouquières vous charge d'assurer les familles des malheureuses victimes de sa profonde sympathie et de ses prières, et il leur envoie de grand coeur en gage des divins réconforts dans la douloureuse épreuve sa fraternelle bénédiction apostolique ».

L'évêque du diocèse d'Arras prononce ensuite, non pas une allocution, mais une prière. « Je ne prie pas seulement au nom des chrétiens ou pour des chrétiens, mais aussi avec un grand respect pour toutes les croyances, au nom de ceux qui devant la mort se posent des questions dont ils savent bien qu'elles ne peuvent pas rester sans réponse ». Il prie pour les « seize mineurs qui sont morts au moment où ils travaillaient pour le service de tous ». Il prie pour chacun des blessés de la catastrophe ; pour ceux qui pleurent : les veuves, les orphelins, les parents, les amis, « pour tous ceux qui, aujourd'hui, ont le coeur déchiré » ; pour tous les mineurs. Et d'inviter ceux qui le peuvent et le veulent à s'unir dans une même prière : « Notre Père... »
L'Harmonie des mines interprète une marche funèbre.

Puis, M. Joseph Vinois, délégué mineur de la fosse 6, rescapé de la catastrophe, apporte aux familles le témoignage du fraternel soutien, de la solidarité de tout le personnel, de toutes les organisations syndicales du Bassin Minier et des familles de mineurs.

Il rappelle la catastrophe du 5 février 1965 à la fosse 7 d'Avion et ce qu'avait dit à l'époque le représentant des organisations syndicales : « ce qui devrait prédominer avant tout, et au-dessus de tout, c'est le respect de l'ouvrier et en particulier de sa sécurité ». La voix des mineurs et de leurs représentants n'a pas toujours été écoutée : « Trop souvent malheureusement les notions de rendement et de production passent avant la sécurité. (...) La mine est le plus souvent cruelle à partir du moment où l'on ne respecte pas les règles et les normes de la sécurité du travail (...) Les impératifs de la productivité ont conduit, au cours de ces dernières années, à une aggravation des risques ; les accidents collectifs et individuels se sont accrus, malgré un personnel considérablement réduit d'année en année ». Et de conclure : « Notre corporation, de tout temps, à tout moment, a su accomplir son devoir. Elle a aussi des droits qu'elle revendique non pas comme une faveur, mais comme une exigence de fait. Elle est en droit, elle a le devoir, par respect pour la mémoire de ses camarades, et pour elle-même, d'obtenir que toute la clarté soit faite sur les causes de la catastrophe ».

M. Ortoli, ministre du Développement industriel et de la Recherche scientifique, déclare :

« Nous sommes aujourd'hui réunis dans la douleur, la liste des enfants de la grande famille de la mine, morts au champ d'honneur du travail vient de s'allonger encore (...). Pourquoi faut-il parfois que malgré la vigilance des hommes et les progrès techniques, les deuils succèdent aux deuils ? »
Le ministre rappelle la mort des quatre mineurs du siège Barrois fin 1969 et les faits qui se sont déroulés mercredi au fond de la fosse 6. Devant la douleur des familles, « les mots sont impuissants à traduire l'émotion qui nous saisit tous ». La communauté des mineurs est là pour les soutenir...
Il poursuit, s'adressant aux mineurs : « Hélas, malgré les efforts constants de tout le personnel des Houillères, le danger, le plus vieux compagnon de route des mineurs n'a pu être éliminé. Mais le tragique accident qui vient de nous le rappeler si douloureusement, nous montre aussi qu'il ne peut y avoir de trêve dans la recherche d'une plus grande sécurité. C'est ma profonde conviction. Je compte sur votre expérience et sur celle de vos délégués pour appuyer l'effort que nous avons le devoir de poursuivre à tous les instants, à tous les niveaux, pour améliorer nos connaissances, nos moyens de protection et en premier lieu je m'attacherai personnellement à ce que l'enquête en cours sur les causes de cette catastrophe puisse y contribuer, j'y suis résolu.

Au nom du Président de la République qui m'a dit son émotion profonde, et au nom du Gouvernement, je m'incline devant votre douleur et je salue une dernière fois vos courageux compagnons dont le souvenir restera gravé dans ma mémoire ».

Un roulement de tambours. Les drapeaux s'inclinent devant les cercueils. La sonnerie aux morts retentit. Des personnes, prises de malaise, sont transportées à l'infirmerie. Les personnalités présentent leurs condoléances aux familles des victimes. La poignante cérémonie des funérailles officielles est terminée.


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