Le cauchemar américain de la famille LEFEBVRE de Liévin
par Marie-Claire le, 14/04/2012C’était il y a exactement 100 ans, le Titanic sombrait, je ne vais pas vous refaire l’histoire et la fin du Titanic, d’autres le font mieux que moi
En avertissement je voudrais cependant préciser que mon but n’est pas non plus d’ajouter de l’actualité à l’actualité, énormément évoquée en ce moment, je précise cela car on pourrait me faire remarquer que 6 ans auparavant il y eut le même nombre de disparus dans une catastrophe qui elle concernait des personnes qui effectuaient leur dur métier de mineur
A cela je réponds que nous avons pour habitude de relater des événements du plus banal mais au combien émouvant pour chacun, au plus historiquement connu, et qui retracent et nous remémorent la vie de nos taïons ch’tis
Enfin en résumé ce n’est pas l’histoire du Titanic que je veux mettre en valeur mais une HISTOIRE DE CH’TIS concernée par l’histoire du Titanic , et qui évoque un sujet peu traité qui est celui de l'exil, de l'émigration vers le nouveau monde États-Unis et aussi Canada
L'histoire d'une famille de mineur qui avait un rêve
Alors entrons dans le but du sujet, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 le Titanic sombrait au large de Terre-Neuve causant la mort d’environ 1500 personnes.
Sur ce bateau en troisième classe 710 personnes, soit le tiers des passagers, qui pour la plupart partaient s’établir aux Etats-Unis et au Canada
49 français en faisaient partie, dont au moins sept ch’tis, dont 6 de famille de mineurs de Liévin et d’Hersin-Coupigny
Les plus connus sont Roger-Marie Bricoux le violoncelliste du Titanic, qui résidait à Lille. Ainsi que Berthe Leroy née dans les corons d'Hersin-Coupigny embarquée sur le bateau comme gouvernante d’une riche américaine, Berthe survivra au naufrage
Et la famille Lefebvre de Liévin
Le père Franck Lefebvre, mineur et né à Aubert (59) le 14 avril… 1871, était parti s’installer aux États-Unis avec trois de ses enfants depuis un an et s’estimant « assez bien installé » avait demandé à sa famille de le rejoindre
Franck et Marie étaient installés à Liévin et s’y étaient mariés le 25 janvier 1896
Franck était mineur et un jour avec Marie ils décident de changer de vie et de vivre le rêve américain
Grâce à une amie qui souhaite elle aussi quitter la France et qui lui offre le voyage, Franck arrive aux États-Unis en mars 1911 avec un de ses fils Anselme né en 1901 , mais malheureusement illégalement, il s’installe dans l’Iowa où il travaillera dans les mines de Lodwick
Deux autres enfants les rejoignent, en août 1911 Franck (né en 1890), il exercera aussi le métier de mineur, et en décembre 1911 Marie (née en 1889) celle-ci part avec son époux Auguste Boury, eux entrent par contre tous trois tout à fait légalement aux États-Unis
Le but de l’arrivée des autres enfants était d’avoir plus d’argent par le travail pour financer l’arrivée du reste de la famille
En mars 1912 Franck et ses trois enfants ont réuni suffisamment d’argent pour payer le voyage au reste de la famille
Le reste de la famille c’est Marie (née Daumont) son épouse, née le 18 mars 1872 à Escaudain (59), et leurs quatre derniers enfants Mathilde (12 ans), Jeanne (8 ans), Henri (5 ans) et Ida (3 ans)
Ils embarquent à Southampton le mercredi 10 avril 1912
Franck ne reverra jamais sa famille
Et après ?
N’étant pas entré légalement aux États-Unis, après le naufrage Franck en fut expulsé, après quelques déboires avec les autorités locales lors de la découverte de son entrée illégale, il rentre dans le Pas-de-Calais et y termine sa carrière de mineur, il décédera en 1948 à Haillicourt (62)
Anselme dans le même cas rentre en France également , il sera mineur et décède en 1970 à Ruitz (62), rue du Nouveau Monde .....
Le fils ainé Franck junior restera aux États-Unis, sera mineur et décède en 1962
Marie s’installe définitivement aux États-Unis dans l’Illinois et décède en 1979
Seule énigme de cette famille, une fille Célina née en 1892, dont on ignore tout
Seuls Marie et Anselme auront une descendance
Voilà en quelques lignes l’histoire d’une famille de mineurs ch’tis dont le rêve a tourné au cauchemar
Remerciements pour les dates et autres précisions aux généalogistes de GENEANET
Aujourd'hui devant l'église Saint Amé du 3 de Liévin on peut voir une stèle commémorative dédiée à la famille Lefebvre disparue le 15 avril 1912
Les photos sont de Christian de Liévin
ché vrai qu'la ché in personne ed' nous coin , et qui valot l'coup d'ête signalé, pisqu'ya pas grammint d'monte qui connaichot ch't'histoire la
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