les mains de Manman
par minloute le, 11/12/2015 j a écrit "Manman " d' abord avec eune majuscule pasque eune manman in n' a qu eune dins s' vie et pi chéto comme cha qu in l appelo quand qu in éto tchiot, Manman ou M' man ...
l' souvenir qui m'avo l' plus impressionné quand que j éto tchiot, chéto les mains d' Manman eune fos qu ale avo fait l' buée .....
savez l' buée, l iau qu in met à cauffer dans eune grosse lessiveusse, sul' coin du fourneau l' diminche au soir, afin d' pouvoir tout laver ch' linche à partir du lundi matin
j' arvo souvint m' mère s' passer del pommate grasse su ché mains pleines d' crevasses
as'plaigno vraimint pas souvint , là in voyo que cha li faijo du bin d' la passer délicat'mint , en silence
mi j el ravison sans trop rin dire à part " t as mal Manman ?" et ale acciesso discret'mint , comme si ale voulo pas que cha se sache , ou au moins ale éto pas du ginre à s appitoyer sur elle meme
plus tard l' machine à laver ale est arrivée, et là, que progrès , et quand qu in li d' mindo en l' taquinant si ale voulo arfaire des buées comme avant, in avo dro à " mon dieu nan" tout in ravisant ch' plafond
Les mains de mon père sujet fils de Les mains de Manmam par Minloute
Vaste sujet que les mains. Elles peuvent souligner le discours, le cacher chez les timides, le trahir chez les inquiets, marquer l’assurance, être LE langage que soulignent les mimiques chez les muets etc…
Même lorsqu’elles ne s’agitent pas elles sont souvent un indice sur ce qu’est la personne.
Dans l’évocation des mains de sa mère Minloute exprime simplement la chaleur, l’amour et la reconnaissance qui lui porte. Comme lui je voudrais évoquer les mains, non pas de ma mère, mais de mon père.
Des mains non, des paluches, des battoirs à linge, larges, grandes, fortes. Pour vous donner une idée, son petit doigt était plus long que mon majeur (plus de dix centimètres).
Certes, j’ai connu une pianiste qui avait des mains aux longs doigts fins qui lui permettaient, avec le seul pouce, de barrer les six cordes d’une guitare tout en formant l’accord avec les quatre autres doigts, et les guitaristes comprendront la difficulté de la chose.
Mais rien à voir chez mon père. La distance pouce petit doigt, main écartée (empan), était pratiquement de trente centimètres. Ce qui lui permettait de prendre sans difficulté, dans cette pince pouce petit doigt, un carrelage de vingt centimètres par ses deux côtés opposés.
Apprentis carreleur à douze ans, maçon, mineur, il aurait dû avoir des mains calleuses, cornées, rongées par le ciment, marquées par le charbon, mais rien de cela, elles étaient douces, chaudes.
Chaudes au point que, lorsqu’en hiver l’haleine sort en buée de la bouche, ses mains fumaient lorsqu’il les sortait des poches. Il faut dire que c’était une véritable chaudière. Petit, lorsqu’au matin je sautais dans le lit des parents pour faire un câlin dans leurs bras, je ne pouvais pas tenir plus d’une minute dans ceux de mon père.
Chaleureux il l’était aussi dans sa façon de nous étreindre dans ses bras musculeux en disant « j’t’ai kher » et lorsqu’il nous donnait une tape amicale dans le dos il y avait de quoi décoller les poumons. Pas un de ses petits enfants n’a pas cédé un jour au besoin de mesurer sa menotte perdue dans la paume ainsi tendue et qui n’attendait que cela.