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RACONTE-MOI MA FAMILLE N°11 De Paris au nid d'aigle...
par Paul-Frantz le, 09/08/2021  

“Raconte-moi ma famille...” N° 11 - Récits de famille, racontés par nos anciens.
Par Paul-Frantz VIDAL (famille maternelle à Fouquières-lès-Lens)
"DE PARIS AU NID D'AIGLE…"


Après cette parade du 25 août, la Division Leclerc resta quelque temps au repos puis repartit avec les troupes américaines qui forçaient les Allemands à se replier vers l'est. Il semble que cette progression n'ait pas été facile, émaillée de combats et de sécurisation du territoire. Nous, à Condom, nous vivions les heures de la Libération. Si nous avions pu voir notre oncle Dartagnan sur les photos des actualités du cinéma, et reçu quelques colis envoyés depuis Strasbourg, nous n'avons presque plus reçu de ses nouvelles avant son retour triomphal dans le Gers avec Dronne
C'est à cette époque qu'il nous raconta les derniers instants du Reich, vus à travers la prise du "Nid d'Aigle", la résidence d'été du Führer dans le sud de la Bavière.

Quelques ponts sur le Rhin, laissés malgré eux par les Allemands, ont permis une traversée rapide des éléments avancés des armées alliées. L'unité de notre oncle a reçu pour objectif de se rendre au QG de Hitler, situé dans les montagnes bavaroises. Partis de Strasbourg fin décembre, ce n'est qu'aux premiers jours de mai que le détachement de la Deuxième DB dans lequel se trouvaient notre oncle et son inséparable ami, le capitaine Dronne, se présentent à l'entrée du Berghof.

Fait historique authentique, ce détachement pénétra en premier dans le QG d'Hitler, déserté par ses occupants, quelques heures avant l'arrivée des troupes américaines. Dartagnan Jr nous raconta que malgré quelques destructions occasionnées par les bombardements, c'est un palais presque en bon état qu'ils découvrirent. En effet, par sa conception, ses objets précieux de décoration et d'ameublement, c'était un véritable palais que le dictateur avait aménagé sur un piton rocheux dominant les alpes bavaroises.
C'était impressionnant d'entrer dans des lieux que leurs occupants semblaient avoir quitté quelques heures auparavant. Il nous disait que tout était encore en place, la vaisselle, les livres, les objets sur les tables, le linge dans les armoires et les draps dans les lits. Pour ces soldats qui n'étaient plus entrés dans une maison bourgeoise en bon état depuis le débarquement en Normandie, cela sentait le retour à la civilisation, le bout du chemin, la fin de la guerre…

Ils n'étaient qu'une poignée d'officiers, et quelques hommes, à être venus jusqu'à ce point névralgique du commandement d'Hitler. Il était bien humain que, devant tant de richesses, ils n'en repartent pas les mains vides. C'est ce qu'ils firent, remplissant leurs poches et leurs sacs de tout ce qui pouvait avoir de la valeur, et s'en retournèrent avec leur butin avant l'arrivée des Américains de la 101e Compagnie Airborne, qui les suivaient depuis la Normandie. On a pu voir les films tournés par les cinéastes militaires américains entrant dans les appartements privés d'Hitler. Ils présentaient des images inédites des locaux laissés dans un désordre indescriptible par leurs occupants en proie à la panique. Nous savons, nous, que ce désordre était aussi dû en partie aux fouilles précipitées des hommes de la 2ème DB, soucieux de ne pas trop traîner avant l'arrivée du gros des troupes yankees.

Notre oncle s'est servi comme les autres, participant au pillage. Mais, et c'est tout à son honneur, il n'a dérobé aucun objet précieux ou de valeur marchande certaine. Il a pensé seulement à ses trois enfants et à sa femme. Pour chacun il a rapporté un cadeau, cherchant plus la valeur historique du souvenir que la valeur de l'objet lui-même. Si je me souviens bien, car j'ai vu ces objets pour la première et la dernière fois à Condom en 1945 quand il est venu avec Dronne, il a rapporté à son épouse une théière en argent, et à sa fille une collection des porcelaines les plus petites qu'il avait pu trouver, comme pour faire un service de poupée. A son fils aîné Jean-Paul il offrit le poignard SS personnel de Hitler, superbe poignard ciselé à la garde décorée des emblèmes nazis, et dont la lame portait gravée l'inscription du présent fait par Himmler, chef des SS, à son bien-aimé chef.
Quant à notre cousin Jacques, son fils cadet, il reçut un document sur parchemin dans un marocain de cuir richement décoré : Une eau-forte offerte à Hitler par la ville de Nuremberg pour le nommer Citoyen d'Honneur de cette ville. Enfin, pris peut-être d'une pensée tardive, il n'a pas non plus oublié son filleul, Jean-Pierre, mon frère, en lui offrant… un fusil de guerre allemand, un mauser. Cadeau original s'il en est pour un garçon de onze ans… ! Il ne venait sûrement pas du Nid d'Aigle.

D'aucuns pourraient dire qu'il a eu bien tort d'agir ainsi et de n'avoir pas profité de la situation, mais il était un homme intègre et plus soucieux de son devoir que de ses intérêts. Il n'a jamais été un homme d'argent ni de compromission. Il n'a jamais été riche, non plus… C'était un héros… !
Son ami Dronne a eu, semble-t-il une vision différente des choses, comprenant le parti à tirer de la situation, il en profita un peu plus.

Cet épisode, notre oncle ne l'a raconté que beaucoup plus tard, au cours de ces fins de repas familial du dimanche où, un peu échauffé par le bon vin et le bon repas, il ne contrôlait pas toujours ses confidences. C'est ainsi que nous avons pu comprendre que le Capitaine Dronne avait vu plus grand. Disposant de véhicules légers de transports, les "command-cars", il y fit placer tout ce qui pouvait avoir une valeur marchande directe : Vaisselle d'or et de vermeil, objet d'art et de collections, tableaux de maîtres, etc…
Puis, aidé de ses hommes il redescendit le tout avant l'arrivée des Américains. D'après notre oncle, il prépara ensuite le retour de son butin, dans son fief de la Sarthe, en embarquant suffisamment de jerricans d'essence pour faire le trajet sans aucune halte. Il précisa même que c'est au retour de ce raid éclair qu'ils furent autorisés à un repos mérité, et vinrent nous retrouver à Condom.

La légende raconte alors que, une fois la guerre finie, quand Raymond Dronne fut démobilisé et rentra chez lui dans la Sarthe, il y fit, semble-t-il, des affaires florissantes dans son petit bourg d'Ecommoy, dont il acheta la plus grande demeure, une sorte de château. Il en devint maire, député et sénateur, et vécu longtemps dans l'opulence et l'honneur. Il mourut en 1991 entouré de l'affection de tous les siens. C'est quand même une satisfaction de constater que ce fils de modestes paysans de Mayet a, grâce à son courage et sa vaillance, contribué à la libération de la France… et à la prospérité des siens.

En ce qui concerne les objets rapportés par Dartagnan, en particulier ceux de sa propre famille, je crois que les objets de vaisselle y sont toujours, mais les objets historiques eurent un beau destin. En effet, notre oncle avait mal supporté la mort de Leclerc et démissionné de l'armée. Sans travail, sans ressources, il bénéficia de l'aide de ses anciens camarades, et fut nommé en 1955, Directeur de la Maison des Anciens de la 2ème DB. C'est à cette institution que nos cousins Jacques et Jean-Paul confièrent l'eau-forte de Nürnberg et le poignard de SS où ils sont, je l'espère, toujours exposés.

Pour illustrer le caractère désintéressé de Dartagnan Jr il me faut relater une petite anecdote. Comme souvent, avant de rentrer chez lui, il avait l'habitude de prendre un petit verre au bistrot qui se trouvait sur son chemin près de chez lui. Un soir, il se lia de sympathie avec un client qui lui parlait de sa collection de poignards et d'armes blanches. Il lui prit l'idée de promettre, à cet ami d'un moment, de lui offrir le poignard qu'il avait donné à son fils à son retour de Berchtesgaden. Heureusement que, quelques jours plus tard, il pensa en parler devant ses enfants. Son fils Jean-Paul, très irrité d'une telle largesse, retrouva l'heureux collectionneur et récupéra sans plus attendre le précieux objet. Cet épisode motiva sûrement la volonté de céder ces biens historiques à l'institution de la 2ème DB.

Il me reste à vous raconter le dernier événement ayant un rapport avec cette guerre, le retour, que j'ai qualifié au début de ce récit de "Triomphal" de Dartagnan. Mon oncle, avait donc suivi toute la campagne de Leclerc, jusqu'en Allemagne. Ses exploits font maintenant partie aussi de mes souvenirs, mais, ce jour-là il revenait d'Allemagne, sa guerre venait de s'achever. Il est arrivé un matin, nous ne l'attendions pas, et la surprise fut d'autant plus grande qu'il n'est pas arrivé seul, et dans un équipage époustouflant. Il avait fait la route jusqu'à Condom avec son ami et partenaire de tout le conflit, capitaine comme lui dans l'armée Leclerc, le Capitaine Raymond DRONNE. Il commençait à être célèbre, puisque son collier de barbe avait trôné sur toutes les photos de la libération de Paris. Il était le premier homme des armées de libération à être entré dans Paris pour le libérer.

Mais ce qui fit sensation, ce fut la voiture dans laquelle ils arrivèrent. Voiture noire, imposante, décapotable, virant difficilement dans les petites rues de la vieille ville de Condom et surtout, arborant deux magnifiques drapeaux à croix gammées, flottants au vent sur chaque aile à l'avant.
C'était la Mercedes de parade de Hitler, celle que l'on voit sur tous les documents de l'époque, quand le Führer circulait debout sous les acclamations d'un peuple fanatisé. Ils l'avaient trouvée à Berchtesgaden, résidence privée d'Hitler, et s'en étaient servi pour rentrer, la considérant comme une prise de guerre. Sur son passage, le lourd véhicule laissait, parmi les passants, une trace de frayeur qui rappelait trop un passé encore sensible. Quand il arrêta la voiture devant la maison, certains l'ont associée à l'histoire de la croix gammée peinte sur la porte cochère de notre maison. Pour eux, il devait donc bien y avoir eu quelque chose…

Mon oncle est resté parmi nous, et DRONNE est reparti le lendemain pour la Mayenne avec la monstrueuse voiture. Il l'a revendue peu après. Elle refit surface dans les années soixante, où un forain s'en servit pour accompagner une exposition itinérante sur l'Allemagne du 3ème Reich.

La famille s'est alors séparée à nouveau, en février 1946 nous "montions" sur Paris, et les Dujardin gagnaient Bayonne, où mon oncle venait d'être affecté à l'arsenal.

A bientôt… ! Pour d'autres récits !


 


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