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RACONTE-MOI MA FAMILLE N°13 Bière ou Teepol
par Paul-Frantz le, 16/08/2021  

“Raconte-moi ma famille...” N° 13 - Récits de famille, racontés par nos anciens.
Par Paul-Frantz VIDAL (famille maternelle à Fouquières-lès-Lens)
"BIERE OU TEEPOL… ?"


Si j'ai choisi de parler des Dimanches, c'est qu'ils ont tenu une place tout à fait particulière dans notre vie d'enfants et d'adolescents. Ils avaient une ambiance, j'allais dire une saveur si différente de ces dimanches qui participent à nos week-ends, de nos jours. D'abord, c'était pour nos parents le seul jour chômé de la semaine. Nous, les enfants, nous avions en plus tout le jeudi. Mais surtout, il y avait, ces jours-là, une sorte de programme immuable, de rituel établi, qui en faisait des jours vraiment différents. C'était le jour de la famille ou des amis…

Les dimanches de ma petite enfance, dans les Hautes-Pyrénées et dans le Gers, ne m'ont laissé aucun souvenir particulier. Ce sont ces dimanches du Paris de l'après-guerre, qui rassemblaient les membres de la famille venus de province, autour d'un même repas, ou dans une même sortie au grand air de la banlieue.

Et puis, c'est vrai, nous avons eu des débuts scolaires laborieux, avec nos accents bizarres et nos habitudes de sauvages, on ne se sentait pas vraiment acceptés, nous, les provinciaux. Cela peut expliquer pourquoi, pendant des années, nous avons passés tous nos dimanches ensemble. La fratrie DUJARDIN se regroupait chaque fois que c'était possible. Bien sûr, Frantz qui habitait Lille, était souvent absent, mais la famille de Dartagnan Jr et nous, nous nous retrouvions tous les dimanches, soit chez eux, au 33 de la rue de Tocqueville, soit dans notre appartement du 4 de la Villa Poirier.

Mon oncle Dartagnan avait démissionné de l'armée quelques temps après la mort suspecte du Maréchal LECLERC. Il n'a pas supporté de perdre ce chef tant aimé, et il restait persuadé que c'est un complot ourdi par le Général de Gaulle qui organisa l'accident d'avion, en novembre 1947 en Algérie, ou il perdit la vie.
Par chance, il put encore passer quelques années dans l'ombre de cette seconde famille que constituait la "2ème DB", en devenant actif au sein de l'Association des Anciens qui fut créée après la guerre. Il s'occupa de ses camarades de combat en difficulté, en assistant la Maréchale LECLERC dans une action de soutien aux anciens, pour les aider à un retour rapide à la vie civile.

Avec quelques anciens compagnons qui étaient issus de ce qu'on a appelé par la suite "le show-biz" (comme Jean NOHAIN) il participa à la création de la Kermesse aux Etoiles (De 1949 à 1956). C'était une grande manifestation au profit de l'Association, qui réunissait tous les artistes de cinéma, chanson, théâtre, etc… dans le Jardin des Tuileries, ou ils distribuaient des autographes à leurs "fans" de l'époque. On donnait pour ça un carnet d'autographes, ou les "chasseurs" pouvaient conserver la trace de leurs rencontres mémorables avec les artistes. J'ai gardé ceux de mon frère (Qui m'envoyait faire la queue devant les stands, pour n'arriver qu'au moment de la signature…) et les miens, de 1950 à 1956.

Puis notre oncle devint responsable des installations d'une compagnie pétrolière sur le site de l'aéroport du Bourget : "La Stelline". Cela me ramène alors à mes historiettes de famille.
En cette période de pénurie d'après-guerre, c'était un avantage que de disposer de bons filons pour avoir des produits pétroliers.
Dartagnan profitait parfois d'un jerrican d'essence et d'un produit miracle pour l'entretien ménager, le "teepol". Ce produit, très concentré, qui sert de base à tous les nettoyants, est particulièrement moussant et doit être dilué huit à dix fois pour faire un produit normal pour la vaisselle.

Ce dimanche là, nous avons mangé chez les Dujardin. Geneviève, ma tante, avait fait un copieux repas et nous avions un délicieux moka en dessert. Les deux grands (Mon frère et notre cousin Jean-Paul du même âge que lui) s'étaient isolés pour se raconter leurs aventures d'adolescents, les plus jeunes (Mon cousin Jacques et moi) avions joué avec les petits soldats, qui n'étaient plus en plomb mais en fonte d'aluminium (Les célèbres Quiralu…). La petite cousine devait jouer à la poupée, mais ne partageait pas encore notre univers, car trop petite.
Les adultes, ils ont mangé, ils ont bu, et beaucoup parlé. Ils ont aussi regardé la télévision… Hé oui, chez les Dujardin, il y avait la télé. Une énorme télé Ducretet-Thomson, plus haute que nous, recouverte de bois précieux en marqueterie, une vraie petite armoire, mais avec un écran tout petit, bombé et aux coins arrondis, de la taille d'un écran d'i-Pad d'aujourd'hui. C'était un vrai luxe à cette époque, et elle ne fonctionnait qu'à certaines heures, surtout le dimanche. Nous avons découvert les premières émissions de jeux, les speakerines et les actualités télévisées.

Dartagnan était toujours généreux pour remplir les verres, mais ma tante et ma grand-mère veillaient au grain. Son penchant pour les boissons alcoolisées (qui sauva Paris, voir récit n° 10) les faisait redoubler de vigilance dans les moments de grande convivialité. Très vite Mémé débarrasse la table, range toutes les bouteilles, surtout les alcools servis avec le café. Quand je dis elle les range, je devrais dire "elle les cache", car il est fréquent que Dartagnan sente une soif tardive se manifester quelques temps après le repas. Il vaut mieux qu'il ne trouve pas ce qu'il cherche, alors il revient sans rien dire…

Ce qui a noué le drame, c'est une question de conditionnement du produit. En effet, quand on vend des produits "en gros", le contenant est plus grand que lorsqu'on s'adresse au commerce de détail. Dartagnan avait rapporté un bidon de 5 litres de "Teepol", c'est à dire de quoi faire 50 litres de liquide pour la vaisselle, nettoyant à vitres, produit d'entretien des carrelages et autres détergents.
Pour plus de commodité dans les dosages, ma tante en avait versé quelques décilitres dans une bouteille de Valstar, la bière de ménage en bouteille de un litre. Et, bien entendu, cette bouteille se trouvait, avec son étiquette d'origine, sous l'évier de la cuisine. Vous avez compris la suite…

Pendant que tout le monde regardait la télévision, Dartagnan s'est levé pour aller à la cuisine chercher un petit complément liquide. Il cherche d'abord dans le placard des boissons et ne trouve que des sirops et des eaux minérales. Il finit par dénicher, sous l'évier, une bouteille de Valstar entamée. Se réjouissant de l'aubaine, il s'en verse un grand verre. Le liquide ambré, qui coule en moussant, avive son désir d'étancher sa soif. La première et longue gorgée sera suivie immédiatement d'un hurlement prolongé qui s'étrangle soudain dans des hoquets tragiques. Il venait d'avaler goulûment une bonne rasade de Teepol…

Tout le monde est accouru, ma tante et sa fille comprennent aussitôt, et font ressortir les enfants. Dartagnan était déjà secoué de spasmes qui lui faisaient sortir d'énormes bulles de la bouche et, bien sûr, nous avons tous ri… Ensuite l'ambiance s'est dégradée, l'atmosphère est devenue grave, nous entendions des morceaux de phrase :
- Il faut le faire vomir…
- On devrait appeler Police Secours…
- Peut-être en buvant du lait ?

En jetant un rapide coup d'œil par la porte entr'ouverte, j'ai pu voir le pauvre Dartagnan, pris de nausées, qui faisait des efforts surhumains pour vomir, et qui relâchait à chaque fois un chapelet de bulles, qui flottaient un instant en brillant sous la lampe de la cuisine, et éclataient en retombant.

Il finit quand même par régurgiter tout ce qu'il avait dans l'estomac, le Teepol, le cognac et le café, les bons vins et le repas, et c'est sûrement ce qui lui fut salutaire. Il cessa de "buller", et il est ressorti de la cuisine, soutenu par les femmes de la famille qui l'ont l'accompagné pour l'allonger sur son lit. Mon frère et mon cousin pouffaient encore de rire dans le couloir de l'entrée.
Nous avons rassemblé nos affaires, et Papa nous fit descendre pour reprendre la voiture et rentrer chez nous…

Il est probable que cet épisode a dû éveiller, chez notre oncle, une méfiance particulière vis à vis de la bière !

A bientôt… ! Pour d'autres récits !


 


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