le fourneau
par Minloute le, 10/08/2004Il trônait dans la cuisine.
Il servait à tout.
A faire chauffer les repas, à tenir au chaud la cafetière, à se réchauffer aussi.
L'hiver quand elle venait à la maison, ma grand-mère qui avait toujours froid était collée au fourneau et moi j'avais peur pour ses vêtements tellement elle était près du feu.
"Recules mémé tu vas te brûler"
"T'inquiètes Minloute, je réchauffe mes pieds"
Moi ce qui m'impressionnait c'était la lueur qui se dégageait dans la cuisine quand il n'y avait pas d'électricité.
La lueur passait par le bac à cendres et sur le devant du bac il y avait trois trous dont deux au milieu au même niveau. Le dernier en dessous au milieu.
J'avais l'impression de voir comme un visage de démon avec le feu qui semblait sortir de ses yeux et de sa bouche.
Combien de fois je me suis levé le matin pour faire repartir le feu.
Soit avec du bois, soit "en dégrogeant" avec le tisonnier si on avait mis assez de charbon la veille au soir pour faire tenir le feu jusqu'au lendemain matin.
Le fourneau on appelait ça un feu "Flament", c'est vrai qu'il servait à tout.
A faire à manger bien sûr, à faire chauffer l'eau pour que mon père se lave en rentrant de la fosse. Et puis à se laver "tout du long" le samedi, à faire cuire dans le four, à faire chauffer les fers à repasser, à faire chauffer l'eau pour la lessive du lundi ou pour faire la bière une fois par mois.
En enlevant des cercles sur le dessus du foyer, on pouvait faire cuire des "saurets".
C'était le foyer de la famille.
Parce que l'on se chauffait avec l'hiver et en écoutant la TSF le soir, les pièces de théâtre, les histoires de Simons.
Bref le fourneau était le centre de la famille.

