L'héroïne de Loos évoque ses souvenirs (1)
par kiki le, 10/08/2007EXCLUSIF RELAIS
Emilienne MOREAU,
L’héroïne de LOOS,
Et Just EVRARD
Evoquent leurs souvenirs.
GERMINAL, c’est un peu l’histoire de Florent Evard
- J. Evrard : Les multiples pérégrinations de mon père l’amenèrent à Meurchin, en 1889, où il fut employé aux « avaleresses », ou si vous préférez, au creusement des puits : on y travaillait dans des conditions dignes des plus savoureux passages de Germinal.
- Emile Zola, pour préparer son œuvre, était d’ailleurs venu à Denain, quelques années auparavant. On le voyait souvent dans un café du coron de Villard, qui donnait sur le terril de la fosse Renard. Et son ouvrage, c’est un peu l’histoire des Basly, Florent Evrard et autre Cadot.
- E. Moreau : C’est à peu à cette époque que Florent Evrard avait comme galibot… Jules Mousseron. Celui-ci est d’ailleurs toujours resté très lié à la famille. Je le vois encore en train de nous raconter, en 1939, sa « dernière » histoire : « i m’ont copé l’eau pis’l gas ».
- J. Evrard : A chaque fois que j’allais à Denain, nous nous rencontrions, et souvent il me reparlait de « Florent Evrard ».
- E. Moreau : Un Florent Evrard, qui, après avoir refusé la candidature de Député que lui proposaient ses amis, fut appelé en 1892, pour remplacer Lamendin, aux fonctions de secrétaire Général du Syndicat des Mineurs du Pas de Calais.
- J. Evrard : Fonctions qu’il exerça tout particulièrement quand survint la catastrophe de 1906. J’avais huit ans, quand, le 10 mars de cette même année, un boucher de Sallaumines vint réveiller mon père pour lui annoncer qu’un coup de grisou venait de se produire à Courrières. Mon père partit de suite, et on ne le revit plus pendant près de trois semaines. C’est lui qui en compagnie de Basly et de ses collègues du Syndicat conseilla à M. Lavaurs, Directeur de la Compagnie, de ne pas faire sauter le cuvelage comme il en était question, arguant qu’il pouvait encore y avoir des survivants au fond, et que par conséquent il était préférable de ne pas noyer immédiatement les installations, même s’il fallait renoncer momentanément à éteindre l’incendie. C’est d’ailleurs à la suite de ce tragique accident qu’il fut décidé, pour éviter que ne se reproduise une pareille catastrophe, de prévoir des débouchés entre tous les puits des différentes compagnies, de façon à permettre aux ouvriers de s’enfouir, si nécessité il y avait.
- Relais : Puis ce fut la guerre. Et l’adolescente que vous étiez à l’époque, Madame, devint l’ « héroïne de Loos ».
- Pouvez vous nous dire comment cela s’est passé ?
A suivre.

