L'héroïne de Loos évoque ses souvenirs (3)
par kiki le, 12/08/2007EXCLUSIF RELAIS
Emilienne MOREAU,
L’héroïne de LOOS,
Et Just EVRARD
Evoquent leurs souvenirs.
En 1939 LA PREMIERE FEMME A FUSILLER
- E. Moreau : Et je fus ce jour-là invitée à l’Elysée par le Président Poincaré, qui m’offrit une broche en or, aux armes de la République.
- J. Evrard : Des décorations, Emilienne en reçut encore bien d’autres par la suite : la Military Medal – elle est la seule femme à l’avoir – la Royal Red Cross, l’Ordre de St- Jean-de-Jérusalem, sans oublier bien entendu la légion d’honneur.
- E.Moreau : Vous devinez avec quelle émotion je me suis arrêtée sur ces deux photos de la Fosse 15 que vous avez publiées dans votre journal : revoir cette fosse avant et après…
- Relais : Cette journée du 25 septembre 1915 aura donc constitué un véritable tournant dans votre vie ?
- E. Moreau : Sans aucun doute. Le destin m’avait tracé une voie, celle de défendre la cause de mon pays. Plus rien n’aurait pu m’empêcher à l’avenir de suivre cette voie.
- Et ce d’autant plus que, lorsque la deuxième guerre mondiale éclata, les Allemands ne m’avaient pas oubliée : j’étais la première femme à fusiller. Tout militait donc en faveur d’une action qu’avec mon mari j’entrepris avec la même passion que vingt ans auparavant.
- Relais : Ce qui vous a valu le titre de Compagnon de la libération.
- E. Moreau : C’est bien cela, il y a eu six femmes compagnons de la libération, dont quatre à titre posthume, la seconde qui a survécue est morte il y a deux ans. Je reste par conséquent la seule femme en vie à avoir obtenu ce titre.
- J. Evrard : Lorsque le Général de Gaulle, le 11 Août 1945, vint à Béthune remettre à Emilienne la Croix des Compagnons de la libération, c’est Yvon Morandat qui était son parrain, celui qui, vous le savez, avait un an auparavant pris à lui seul l’hôtel Matignon.
- E.Moreau : Un film, vous vous souvenez, a d’ailleurs été réalisé il y a quatre ans pour rendre hommage a ceux qui ont œuvré pour la libération de Paris ; « Paris brûle-t’il ? » : c’est moi qui est présenté Yvon Morandat, à Lens, le jour de la première de ce film.
- Relais : Voilà, à n’en point douter, un éventail de souvenirs impressionnants : après avoir passé une vie aussi exaltante, n’avez-vous jamais pensé écrire vos mémoires ?
- E.Moreau : Il m’à été impossible de le faire pendant cinquante ans, car le petit Parisien, qui avait à l’époque publié l’histoire de l’héroïne de Loos, avait l’exclusivité en la matière.
- Ce n’est par conséquent que depuis trois ans que je suis « libre » de mes écrits. J’en ai profité pour rassembler avec mon mari tous les souvenirs que nous pouvions avoir, et, au début de l’année prochaine, sortira des presses de la cité un ouvrage, dont la préface sera signée d’Augustin Laurent, Maire de Lille, qui a vécu avec nous, de 1939 à 1945, les grands moments de la Résistance.
- Le titre de ce livre, ce sera, j’ai le plaisir de vous en donner la primeur : « Emilienne Moreau ( Compagnon de la libération). La Guerre Buissonnière. Une famille Française dans la Résistance ».
Fin

