Lorette 2ème partie
par bourdonb le, 28/08/2005Courant mars 1915, entre Français et Allemands, la lutte reprend plus vive que jamais. Le 15, le commandant Dupont lance deux de ses compagnies à l'assaut du Grand Eperon du plateau de Lorette. Le capitaine Maire et les hommes de sa Cie enlèvent les tranchées sur la crête ; il tombe mortellement blessé sur la position conquise. Le sous-lieutenant de Roquetaillade est tué en poursuivant les Allemands. Avec sa section, le sous-lieutenant Bois arrive au rebord du plateau ; après deux heures de lutte, il lui reste une douzaine d'hommes sans cartouche. L'ennemi lui crie de se rendre ; l'arrivée d'une section conduite par le sergent Lyonnet rétablit la situation. Le Grand-Eperon est enlevé.
Le 16 mars, les Allemands tentent de le reprendre l'artillerie canonne, les mitrailleuses balayent l'éperon. Le commandant Dupont est tué à son poste par un obus.
A travers la mitraille, le soldat Pichon passe et repasse à découvert sur l'éperon pendant toute la journée pour assurer la transmission des ordres, Et combien de héros anonymes
Au cours de la dernière semaine de mars, les Français tentent une nouvelle attaque. Sans succès. Puis s'ensuit une série de combats sporadiques.
Le 15 avril, reprise de l'offensive précédée d'une préparation de terrain par l'artillerie. Se lançant à la baïonnette, les Français déblayent complètement le Grand - Eperon et se portent jusqu'à l'entrée d'Ablain. Les jours suivants, les Allemands contre-attaquent. En vain.
9 mai 1915. La première grande offensive en Artois est déclenchée. « La division chargée de l'attaque de Lorette comprend trois régiments d'infanterie et trois bataillons de chasseurs ».
L'artillerie française pilonne les lignes allemandes. A 10 heures, c'est l'attaque. D'un élan irrésistible, les soldats français enlèvent trois lignes de tranchées allemandes au prix de lourdes pertes.
Mais, au centre, l'attaque se brise sur le fortin situé au Nord - Est de la Chapelle. Le terrain bombardé a été transformé en un chaos indescriptible. Impossible de suivre le plan d'attaque. Les chasseurs n'avancent plus, les fantassins les rejoignent : on tient.
A gauche, entre le fortin et les bois, le gros des forces atteint la quatrième ligne : un chemin de terre qui va de la Chapelle à la route Souchez - Noulette. Les batteries allemandes d'Angres arrosent d'obus ce secteur. Les renforts qui arrivent sont en partie décimés. Impossible d'aller plus avant.
A droite, après la conquête des premières tranchées, les troupes se rabattent vers le Nord « pour aider celles qui attaquent le fortin». Les compagnies « gagnent du terrain pied à pied. On se bat à coups de grenade, à coups de baïonnette, à coups de couteau Des officiers supérieurs sont tués. Des sergents prennent le commandement. D'Ablain, les mitrailleuses allemandes tirent sans discontinuité,. Combien de soldats sont déjà tombés »
Après douze heures de lutte, chasseurs et fantassins s'installent dans des trous. L'un se trouve être un énorme entonnoir de mine de 80 mètres de tour, au fond duquel on pousse les cadavres allemands ; sur le pourtour, on aménage des parapets. C'est la nuit, une nuit « éclairée par les obus et les fusées, déchirée par les cris des blessés, le fracas des explosions, le claquement des balles». Une nuit «sous un bombardement infernal, sans abris».

